Repères Historiques
John Wanamaker (1838-1922), fut un grand homme de commerce. Il ouvre son 1er magason en 1861 à Philadelphie, puis un autre en 1876. En 1896, il ouvre un magasin à New York, dans lequel il fait installer par la firme Austin, 10 ans plus tard, un grand IV/P (Austin opus 120, 1905, ici la composition d'origine) qui devint le centre d'attraction autour de nombreux concerts gratuits, cet orgue subit un incendie, puis est reconstruit en 1921 dans le Wanamaker Organ Shop (12éme étage du magasin actuel), et détruit dans les 50's. Pendant ce temps, se construit le nouveau centre (l'actuel) à Philadelphie.
En 1908, Rodman Wanamaker, fasciné par la magnificence du grand hall (Grand Court) du magasin conçu par son père John, décide d'y faire installer un orgue ("I want the finest organ in the world"). Georges Washington Till (ancien associé de Wanamaker, travaillait alors chez un facteur d'orgue, c'est lui que sera responsable de l'entretien de l'orgue jusqu'en 1938) est alors chargé d'inspecter l'orgue entreposé, et qui avait orné le Festivall Hall de l'Exposition Universelle de 1904 en Louisiane. Cet instrument avait été joué par Guilmant (une série de 40 récitals, 2 fois par jour), Lemare et tous les grands noms du moment (en savoir plus ici).
En 1909, l'orgue arrive à Philadelphie. Le nouveau buffet, derrière lequel se cache toujours l'ancien (photo), est conçu par l'architecte Daniel Hudson Burnham pour environ 10000 $, il est garni de tuyaux réhaussé d'or 22 carats. La première audition publique a lieu le 22 juin 1911. Il avait alors 140 jeux et 10059 tuyaux, c'était l'opus 35 conçu par George Ashdown Audsley de la firme 'Los Angeles Art Organ Company' qui avait fait faillite. A ce moment, il était l'orgue le plus important au monde, mais R. Wanamaker sentait malgré cela que le volume n'était pas suffisant pour remplir la vaste 'nef' du magasin. Il fait alors construire, dans le magasin même (Wanamaker Organ Shop), les futurs ajouts sous la direction de William Boone Fleming (lui-même avait supervisé la construction de l'original) : en 1914, 8000 tuyaux, en 1917, une nouvelle console V/P avec tablettes de couleurs pour commander les 232 jeux. D'autres modifications ont lieu de 1923 à 1930 (mixtures du Swell et du Solo, nouvelles divisions Orchestral et String, nouveau combinateur, console VI/P...) portant l'instrument à 451 jeux pour 28500 tuyaux. Les firmes Kimball & Co de Chicago et Gottfried & Co fournissent de la tuyauterie métal pour certaines divisions. R.W. meurt en 1928 sans avoir eu le plaisir d'entendre le résultat final. Vous trouverez dans la page Stentor, les 3 projets restés sur papier pour pourvoir le clavier de Stentor de jeux à très fortes pressions.
L'orgue Wanamaker a été dès lors un grand centre d'intérêt musical (sont venus jouer : Louis Vierne, Marco Enrico Bossi, Nadia Boulanger, Fernando Germani, Jeanne Demessieux, André Marchal, Pierre Cochereau...).
Des dates
Le 27 mars 1919, concert du Philadelphia Orchestra, Leopold Stokowski dirige la Symphonie n°6 pour orgue et orchestre de Widor devant une assistance de 15000 personnes installées en bas et dans les galleries tout autour du hall. Charles M. Courboin est le soliste, il interprète notamment la Passacaille de Bach, qui inspirera à Stokowski sa fameuse trancription pour orchestre de la Toccata & Fugue en Ré mineur qui figurera dans le non moins célèbre film de Walt Disney Fantasia. Un autre concert aura lieu le 24 mars 1920.
Le 8 décembre 1921, Marcel Dupré improvise 4 mouvements symphoniques sur les thèmes suivants : 'Iesu redemptor omnium', 'Adeste fideles', 'Stabat mater dolorosa', 'Adoro te devote', c'est la naissance de la Symphonie-Passion.
Premier concert radio-diffusé en 1922.
Dupré et Courboin donne une série de concerts pour la célébration du centenaire de naissance de César Franck en 1924. Ils participent également au projet d'agrandissement de l'orgue.
R.W. commande à Joseph Jongen sa Symphonie Concertante pour la fin des travaux qu'il ne verra jamais, l'inauguration est alors annulée.
Dupré joue la première américaine de Cortège et Litanie, sous la direction de Stokowski, dans sa version pour orgue et orchestre.
En 1980, il devient le premier instrument à être reconnu Patrimoine National Historique.
1986, les concerts en soirée reprennent, sous l'impulsion de l'organiste Keith Chapman pour le 75ème anniversaire de l'orgue.
Naissance des Friends of the Wanamaker Organ en 1992.
Quimby Pipe Organs Inc. restaure la façade en 1997.
27 septembre 2008, création de la Symphonie Concertante de Jongen avec PRC à l'orgue.
2012, l'orgue est 100% fonctionnel, quasiment pour la 1ère fois de son existence
Les Organistes
De l'installation en 1911 jusqu'en 1917, les claviers sont tenus par Irvin J. Morgan. Lui succède Mary E. Vogt jusqu'en 1966. Puis jusqu'en 1989, Keith Chapman tient les claviers, enregistre de nombreuses oeuvres et émissions de radio. Il est celui qui va faire renaître la transciption orchestrale. Il décède hélas dans un accident d'avion avec sa femme.
L'actuel titulaire est Peter Richard Conte. Il a enregistré plusieurs CDs, avec notamment beaucoup de transcriptions (de lui ou d'autres), art dans lequel il excelle. Vous trouverez des informations le concernant ici.
Il est assisté par plusieurs organistes, qui jouent régulièrement depuis plus ou moins longtemps sur l'orgue : John Binsfeld, Fred Haas, Rudy Lucente, Bryna Anderson...
La Restauration
Au début des années 90, l'orgue était devenu, par manque d'entretien sérieux, quasiment injouable. La direction du magasin, à l'époque Lord & Taylor, a alors décidé de mettre en place des moyens financiers importants pour rendre à l'instrument son éclat d'autrefois. Aujourd'hui, Curt Mangel est le conservateur de l'orgue. Il dirige régulièrement une équipe de passionnés, facteurs ou amateurs regroupés dans des Wanamaker Symposium, qui effectuent les travaux de restauration.
La division Orchestral, injouable depuis plus de 30 ans, est à nouveau entièrement jouable avec quelques améliorations notables, comme le fait de pouvoir jouer séparément les voxes, les fonds, les 3 French Horns et les anches sur des claviers séparés, ce qui démultiplie les possibilités de registrations.
Une tranche de travaux est en cours pour remettre en état Great Chorus ainsi que le relai du Great. On en profite pour refaire une peau neuve à l'écrin qui entoure la console (décapage de la peinture, moquette...). |